by A découvrir absolument, 2014
Peux-tu présenter le projet « Klimperei » en quelques mots ?
Il ne s’agit pas d’un « projet », il
s’agit de l’étiquette, du nom qu’un jour nous
avons décidé d’apposer à la musique que nous
jouions. Je dis « nous » car à
l’époque (80’s) Klimperei c’était
Françoise Lefebvre et moi-même. Klimperei s’est
dégagé en tant qu’entité distincte par
rapport à ma « production » musicale
antérieure (ou parallèle) de par son orientation
néo-classique (pour aller vite) et, très vite,
« toy ».
Tu utilises beaucoup d'instruments-jouets. Comment est venue cette idée ?
Je (me) cite : « C’est quand un ami
— et voisin —, le fameux Laurent Fauconnet (qui participa
également à quelques titres de Los Paranos et de
Klimperei), me prête des appeaux et des petits jouets musicaux
que l’on utilise allègrement, que l’on sent que
quelque chose a pris. Un son. »
Tu te considères comme un précurseur, un novateur ?
Absolument pas. Juste le sentiment d’avoir, à un
moment donné, trouvé un équilibre, quelque chose
de réellement personnel. J’ajoute et
j’insiste : Klimperei ne se résume pas à de la
toy-music.
Quand
on parle de musique avec des instruments-jouets, on peut imaginer que
celle-ci est destinée à des enfants. Est-ce le cas ?
Non. Il y a eu des projets spécifiquement orientés
« enfants », dont Copains comme cochons, chez
Milan ; pour le reste, c’est simplement de la musique (que
des enfants peuvent écouter aussi, bien sûr). On va dire
qu’il y a plusieurs niveaux de lecture.
Ce
clin d’œil à l’enfance dans ta musique,
traduit-il un côté mélancolique, nostalgique, de la
personnalité du musicien que tu es ?
Ce n’est pas « un clin d’œil »,
c’est une composante, au même titre de beaucoup
d’autres choses. La question est du reste un peu confuse et
orientée. Le lien entre enfance, mélancolie et musique
est un artefact. Notamment, « enfance »
n’implique pas nécessairement
« mélancolie, nostalgie ». D’autre
part, il me semble que la musique de Klimperei n’est pas que
mélancolique. Elle est également joyeuse,
sérieuse, sotte, cérébrale, etc. Pour
mémoire, et ce n’était pas par hasard, la trilogie
parue au Japon en 2002, trois albums publiés
simultanément : Pimpant, Triste, Sérieux.
Ceci dit, il me semble que l’artiste, non : tout individu
— se doit (mais cela ne se décrète pas) de laisser
s’exprimer la part enfant de sa personnalité. Après
tout, dans jouer de la musique, il y a jouer. Et puis, oui, pour moi
l’enfance est un terreau d’une richesse immense.
C’est un peu comme si tout était dit, pensé,
envisagé avant 10, 12 ans. Le reste, ensuite, c’est juste
de la mise en forme, de la rumination, que la maturité, sans
doute, permet…
Quel enfant étais-tu ?
J’étais fils unique, facilement sociable, ce me semble,
mais aussi appréciant la solitude. Premier de la classe ou quasi
tout le primaire (après ça se gâte).
Quel est ton premier souvenir musical ?
J’ai grandi dans un milieu musicalement inculte (ce
n’est pas une récrimination, c’est factuel). Je
crois avoir entendu, enfant, la flûte des Andes (el condor
passa), le Boléro de Ravel, Cavalerie légère
(Franz Von Suppe) et autres morceaux
« pittoresques » (le vol du bourdon, une nuit sur
le mont chauve, etc.)… Difficile de dire quel fut le premier
mais c’est ce jus-là. J’ajoute, parce que la
chronologie est confuse, que mes parents tenaient un bar sans alcool
(si si) à Nancy, j’allais à la maternelle, donc
1964 environ, et nous avions un juke-box.
Ceci étant, le premier bouleversement musical :
l’écoute de Meddle (Pink Floyd), j’ai 12, 13 ans,
sans aucune préparation, oserais-je dire. Je parle de la face
Echoes. Je n’ai rien compris à ce que j’entendais,
j’étais profondément désorienté et en
même temps la certitude, l’intuition qu’il y avait
là quelque chose d’important (pour moi tout au moins).
Quand et comment en es-tu venu à faire de la musique ?
Tu veux dire « en vrai » ? Le moment pour
moi est précis : le jour un quelqu'un, qui passait par
là, me montre comment construire tous les accords mineurs et
majeurs sur le vieux piano désaccordé qui trône
inutilement dans la grande salle du bas (nous habitons une sorte de
maison associative, le rez-de-chaussée est une immense salle
avec estrade, et piano).
Quel est le genre de ta musique, comment la définis-tu ?
Question difficile (puisqu’elle aborde la notion de
« genre ») ! Citons Wikipédia :
« D'après l'encyclopédie Larousse, le genre
musical est un « ensemble de formes de même
caractère, réunies par leur destination (par exemple la
musique de chambre) ou par leur fonction (par exemple la musique
sacrée) ». Le genre musical est un concept sans limites
précises, il est impossible de faire une liste complète
des genres ou styles. La dénomination d’un genre peut
venir d’une expression qui a marqué une scène
musicale (Krautrock), de techniques ou sources sonores utilisées
par le genre musical (techno, synthpop), de son origine
géographique (miami bass, UK garage), ou de l’intention
que porte le style (rock psychédélique). »
Source sonore : principalement instrumentale. La proportion
d’instruments acoustiques et d’objets sonores, jouets,
morceaux de bois, élastiques… est importante. La part du
chant est marginale.
Lieu de destination : c’est une musique de studio (et plus
précisément enregistrée à la maison, en
« home-studio ») destinée à une
écoute attentive. Très très peu de prestations
« live ».
Les morceaux sont généralement courts. Voire très
courts. A noter qu’avec les temps, le format s’allonge, si
j’ose dire, et certains des derniers albums (iwm-5 notamment)
voient la tendance s’inverser…
Rôle social : c’est une musique d’écoute. Je le souhaite.
Y a-t-il des écarts entre la perception de ton travail et celle du public ?
Sans doute, mais je n’en sais rien et cela n’a pas
d’importance. J’ai toujours cru à la
polysémie comme signe de bonne santé pour la
création en général :
l’œuvre s’en va vivre sa vie autonome, est
perçue « comme ci » ou « comme
ça » et surtout ne supporte pas d’explication.
A mon sens si l’on doit expliciter son travail artistique,
c’est que c’est raté. D’autant que, de mon
point de vue, la dimension émotionnelle prime largement sur un
aspect « intellectuel », disons.
Tu
habites Lyon (quartier la Croix-Rousse). Es-tu attaché à
cette ville ? A-t-elle une influence sur ta musique ?
Oui attaché comme un qui vit là depuis longtemps, qui a
ses habitudes, etc. Je trouve Lyon bien dimensionnée, ni trop
grande ni trop petite, et bien placée sur la carte de France. La
Croix-Rousse est mon quartier depuis une dizaine
d’années ; j’y vis et travaille, je m’y
sens bien. Les influences, en aucun cas, mais des clins
d’œil parfois dans le choix des titres (passage de la
gloriette, qui a volé le gros caillou ?...).
Qu’est-ce qui t’as guidé / te guide dans ta vie de musicien ?
L’entêtement et le hasard.
Quand, comment et où composes-tu ? (exemple d’une journée de travail)
Ces dernières années : l’après-midi. Je
ne travaille pas l’après-midi et je suis seuls à la
maison.
Comment
détermines-tu le choix des instruments, des sons ? Y a-t-il des
liens avec des images, des associations d'idées ?
C’est le contraire : les instruments, les sons
déterminent la mélodie, l’ambiance, le style du
morceau. Deux cas de figure : j’ai une idée
près précise de ce que je veux ou de ce qu’il faut
faire (genre cahier des charges ; ça arrive et j’aime
bien) ; la plupart du temps, cependant, ça ne marche
pas ; je veux dire : j’aboutit ailleurs. Cas le plus
fréquent : je prends un truc, je tapote, je gratouille, et
puis ça vient.
Combien de temps te faut-il pour composer un morceau ? un album ?
Très variable mais globalement ça va vite. Il faut que ça aille vite. Sinon je perds la cohérence.
Comment détermines-tu la durée d'un morceau ? le nombre de chansons sur un album ?
Rien de précis à dire là-dessus.
J’essaie d’éviter l’ennui, la
répétition inutile. Mais on peut être ennuyeux sur
40 secondes et passionnant sur 15 minutes… Pour la durée
d’un morceau, par de règle, mais au feeling. Pour la
composition d’un album... c’est un labeur que je
déteste. C’est pourquoi la plupart du temps je le confie
au label qui a accepté ou suscité le projet.
Comment choisis-tu les titres des morceaux ? des albums ?
Pareil, pas de rège. Ça fait souvent
référence à des petites choses du moment, du
quotidien. Pour réfléchir mieux, je vais prendre les
derniers :
My life is an animated gif
– référence au gif animé donc, genre kitsch,
désuet et qui m’amuse, j’avais envie de le marquer,
de le tracer dans ma discographie en tant qu’objet culturel si
j’ose dire, d’un moment. Par ailleurs c’est une
désespérance : le gif animé la plupart du
temps tourne en boucle sur une séquence brève…
imaginer sa vie comme ça, c’est terrible. Ce n’est
d’ailleurs pas mon cas, c’est simplement un
scénario.
Les titres :
Klimpomatic – référence à un instrument jouet acquis il y a quelques temps, un xylomatic.
Acidtoyz
– dédicace : ce disque était au départ
une commande d’acidsoxx (label US) pour un coffret de 5 ou 6
mini-CDs. Mais le projet n’aboutit pas.
Prune et Hippolyte – autre dédicace, aux cousins de Lola, ma fille.
The Desirents – dédicace à peine masquée au Residents.
Les Villageois – quelques mots de l’improvisation vocale de Lola intégrée au morceau.
Valse épineuse – titre satien, évidemment.
Des brocolis – légume jadis vénéra par Lola.
Pas trop y penser – je ne sais plus mais assez proche dans l’esprit des titres que Françoise donnait aux morceaux.
Kitchen rhythms – presque banalité.
But not so far away – je ne sais plus.
Pots pourris – amusant, non ? comme le pluriel change tout…
My life is an animated gif
– pour des raisons sacemiques j’ai pris l’habitude de
donner le titre de l’album à un morceau (ou le contraire).
Bien débrouillards – je ne sais plus non plus.
Pour l’album précédent, petites pièces
indélicates, le titre de l’album est également,
à mon sens, satien ; les morceaux ont été
titrés à partir de listes trouvées sur internet
(genre 20 reasons to hate the airlines).
Noui est un néologisme Lolatesque (signifiant à la fois oui et non, comme il se doit).
Comment se déroule l’enregistrement des tes morceaux ? avec quel matériel ?
Il n’y a pas de déroulement type. Je monte (c’est en
mezzanine), j’allume l’interrupteur général,
je prends un truc, je gratte, je tapote… je pianote.
J’enregistre, j’efface, j’ajoute quelque chose. Je
vais faire autre chose, je reviens, j’écoute, je mixe au
fur et à mesure… J’ajoute, je retranche…
j’essaie…
Le matériel d’enregistrement est assez rustique :
HD24 Alesis, table de mixage analogique McKie (excellente), bons
micros… (Seinnheiser, AKG). Pas d’informatique.
Comment se passe le choix du label pour la sortie du disque ? Fonctionnes-tu en réseau / copinage ?
Moi je ne choisis pas grand-chose. Je propose, parfois ça
le fait, le plus souvent on me propose et le plus souvent
j’accepte, car aussi j’aime les contraintes…
Réseau certainement, il suffit de voir la liste restreinte des
labels avec lesquels je travaille régulièrement, avec au
premier chef In-Poly-Sons. Réseau de musiciens amis aussi.
Copinage, je ne sais pas ce que c’est ; je ne pense pas
qu’un label, quelle que soit sa taille, s’amuserait
à dépenser de l’argent dans la production
d’un disque juste pour faire plaisir à un copain. Je
n’ai jamais investi un sou dans la production des disques, non
par avarice ! mais parce que j’estime
précisément que c’est un tiers qui doit, qui peut
décider si une œuvre est, ou n’est pas suffisamment
intéressante pour qu’on y consacre temps, argent,
énergie…
Quels étaient les supports et les moyens utilisés au début, pour la diffusion de ta musique ?
Cassettes sur petits labels.
Avec
l’arrivée de l’ordinateur, du disque, puis un peu
plus tard d’Internet, on à l’impression que tout est
arrivé très vite. Quel regard portes-tu sur ces
changements ?
Je déplore la dématérialisation. Je regrette les
vinyls et leurs belles pochettes. Je n’aime pas que les albums
passent au shuffle, soient dépiautés, vendus par bouts,
à l’unité, au mp3, etc. Pour moi ç’a
toujours été une unité, pensée, la
pochette, l’ordre des morceaux…
Sur le plan musical, de quoi es-tu le plus fier ? Quelles sont les « réussites » ?
Je suis fier de tout (ah ah ah). Sans rire : c’es
l’ensemble qui a du sens. Pour chaque disque (car je raisonne
selon cette unité) je peux trouver des faiblesses, et des choses
— pour moi tout au moins — importantes… Mais…
Pour être plus anecdotique (quoique) : le premier album
(Tout seul…), sur un label prestigieux (AYAA), ce fut un long
moment de joie, bonheur, plaisir, fierté… Ensuite, et
bien que l’histoire continue, que ce ne soit pas un
« one shot » mais au contraire une succession,
permettant une évolution (j’y tiens). Des petites (?)
choses précises : la pochette d’Alice
réalisée par Mme Wyatt herself (Alfreda Benge), toutes
les collaborations, Pierre Bastien, Frank Pahl, Dominique Grimaud,
David Fenech, Palo Alto, Voxfazer, Don Simon, et récemment rien
moins que l’immense Daevid Allen (Soft Machine, Gong…)
pour un morceau commun sur la compilation Veterans of the french
underground meet la jeune-garde, Musea…
Et puis certains challenges personnels, se coltiner avec certaines
difficultés, certains styles… même si
après-coup cela ne se perçoit pas…
Inversement, quelles sont ou furent les « déceptions », les échecs?
Je n’aime pas les projets inaboutis (quelle qu’en soit la
cause), je traîne ça comme des boulets. Je n’aime
pas les promesses non tenues (et cela m’arrive aussi). Je
n’aime pas les projets qui traînent ou avancent trop
lentement. Pas d’échecs à proprement parler.
Peut-être un solo de piano trop médiocre à
Bruxelles, un jour…
Tes
disques Sérieux, Triste et Pimpant ont été
publiés au Japon chez Novel Cell Poem en 2002 comme Petites
pièces indélicates l’année dernière
(2012). Comment les nippons ressentent-ils ta musique ?
Si je savais !!! Quelques notes à ce sujet pourtant :
« French toy-pop » aurait été
forgé, par des japonais, pour Klimperei. Ils y associent
« akogare », en précisant le sens :
« the whole feeling is that : not exactly depressed but the
feeling of something lost : lost childhood, lost loves, the passage of
time, the Autumn, the fall of leaves, the almost forgotten tastes or
flavors… erased dreams… ». Pas si loin de saudade,
finalement.
Ta fille Lola grandit. En 2007, le disque Galipoche et Chipiron lui était dédié. Comment a évolue ta musique depuis ?
Très bonne question, merci.
Je reprends la chronologie (des parutions).
Galipoche et Chipiron,
pour Lola, oui (voir les titres), très acoustique, assez
épuré, et revisitant quelques genres (blues, rock
notamment). Dans le même temps
Love You, compilation, par Sébastien Morlighem, de titres assez anciens publiés uniquement sur cassettes.
Mondocane,
avec Palo Alto paraît la même année mais le projet
est en réalité plus ancien, bouclé en 2005 je
pense…
Copains comme cochons,
commande des édition Milan d’un livre disque pour les 3/6
ans je crois, sur le thème des copains. Un des premiers travaux
correctement rémunérés, un cahier des charges
exigeant, la musique comme réel travail…
expérience intéressante et formatrice. Pas mon
préféré musicalement (beaucoup de
contraintes). Mais un environnement professionnel
appréciable (cf. le concert de lancement, accompagné de
Mme Patate, Denis Frajerman, Philippe Perreaudin, Pascal Ayerbe et
David Fenech, pas moins, et devant des tas d’enfants, au
Réservoir à Paris : magique !).
IWM(1) :
improvisation with myself, album de rupture. Rupture d’avec le
format de l’album pour enfants (ce n’est pas
péjoratif) et d’avec le Klimperei canonique qui parfois me
donne l’impression, lorsque je ne fais pas attention, de donner
dans l’auto-plagiat. Cet album a reçu des critiques plus
qu’élogieuses et de surcroît intelligentes puisque
justement la dimension rupture a fort bien été
perçue, et comprise. Pour ne citer que néosphère
« Ses 40 miniatures sonores font penser à la magie
des films d'animations créés patiemment, image par image,
l'étonnante diversité des instruments, et leur nombre,
mettant en place de petits orchestres qui se meuvent avec
célérité. Leurs airs farceurs et leur apparente
désinvolture détournent l'attention d'un point pourtant
sidérant : il y a là tant d'idées musicales
qu'avec elles un Manu Chao tiendrait un bon quart de siècle
! ». Évidemment, je bois du petit lait.
25 songs,
avec Don Simon y Telefunken, allumés catalans rencontrés
sur Soulseek et musiciens occasionnels (si j’ai bien compris) de
Pascal Comelade. Ils ont « habillé » des
squelettes, des trames de morceaux que je leur avais envoyés.
Projet assez réussi à mon sens, mais très
laborieux. Suivent
IWM(2)
sur le thème de la littérature, hommages à des
auteurs qui me sont chers. Le format est plus classique (aussi pour des
raisons bêtement économiques : le premier, au vu du
nombre de morceaux, couta curieusement cher en termes de
dépôt SDRM… Nous (Denis Tagu & moi) avons donc
décidé que les suivant seraient, arbitrairement,
composés de moins nombreux morceaux… car une des
dimensions de la série de IWM était aussi son faible
prix. Le suivant (
IWM3)
s’intitule recyclages. Plus proche du 1 mais selon un
système différent : les improvisations
s’effectuent sur des bases anciennes (une boucle rythmique
retrouvée dans un coin du disque dur… une bande-son
enregistrée en 2007 pour une lecture de Les Alfreds, les pleurs
de Lola petite, une phrase extraite d’un morceau de Al & Del,
un titre non retenu pour une compilation, un morceau de Klimperei
(enregistré avec Françoise Lefebvre) resté en
friche… un inédit de Al & Del sans les parties de
voix, variante sur une base utilisée par Don Simon y Telefunken
in 25 songs looking for ears. Et des problèmes techniques
idiots, fertiles). Certains morceaux sont — pour du Klimperei
— très longs.
Quai des hannetons,
selon moi un très bel album, très homogène, renoue
avec un format plus standard (morceaux courts) mais résolument
et uniquement acoustique ; beaucoup de cordes (guitares,
banjo, ukulélé, charango)…
Octogonale impérative,
2010 — à la demande générale et à
l’initiative de Dominique Grimaud propose des inédits des
sessions Pierre Bastion – Klimperei. Inédits n’est
pas fond de tiroir, ce disque est au moins aussi bon que le premier. Il
ne s’agit en revanche pas d’une étape en termes
d’évolution puisque les morceaux ont été
enregistrés en 96/97 environ.
Musique for bath
— seconde collaboration avec Frank Pahl, je suis absolument ravi
et fier de collaborer avec ce mélodiste merveilleux. Ce disque
renoue avec une sorte de tradition klimperesque, rien de
révolutionnaire ici, dirais-je, mais un ravissement presque
kitsch et très touchant.
IWM4
— de fait, reprises plus ou moins fidèles de morceaux de
Los Paranos (un de mes premiers « groupes »). Une
digression.
IWM5 — un de
mes préférés de la série (avec 1 et 3). Des
titres longs, parfois 15 minutes, presque
« progs », mais à la sauce Klimperei.
Beaucoup de travail, très technique, et très
réussi à mon sens. 2011 :
Radiolaires,
avec Dominique Grimaud. Sans doute la digression la plus
extrême : collaboration avec ce musicien admirable, pape et
mémoire de l’underground musical français, selon
une contrainte anti-klimperesque : utilisation de guitares
électrique (+ effets) exclusivement. Sans soute un des albums
les plus vivifiants pour moi. Pas toujours bien accueilli ou bien
compris, mais très important pour moi. 2012 :
the IWMbox rassemble les 5 IWM.
Strange meeting III en collaboration avec Voxfazer m’entraîne dans des univers ambiants, pop, rock, inhabituels.
Petites pièces indélicates,
publié au Japon, renoue — et j’en avais besoin
— avec le Klimperei canonique MAIS avec deux contraintes
(choisies) : utilisation d’un instrumentarium très
classique (au sens « musique classique »), les
morceaux seraient aisément jouables par orchestre classique
(sextuor ou octuor), et absence totale de
« glinglins » et autres jouets. Les morceaux sont
assez courts, très composés.
My life is an animated gif
dont j’ai déjà parlé, était un projet
« toy » dont j’ai respecté
l’esprit. Ici : 13 morceaux courts, toy et minimaux.
En résumé, mon ambition est d’élargir
considérablement les styles d’écriture et les
intrumentariums proposés sous l’étiquette
« Klimperei », je pense y être un peu
parvenu, non sans mal (car l’amateur de Klimperei veut du
Klimperei).
En
2007, tu as eu l’initiative de rassembler des amis musiciens et
d’improviser à la librairie-galerie en Marge à
Paris (dans le XIème arrondissement). Tu as eu
l’opportunité de jouer au Festival Music For Toys en 2009.
Voir Klimperei en concert est
rare. Quels rapports as-tu avec le live ? Penses-tu que ta
musique s’y apprête ?
L’initiative (insistante) venait de Sébastien Morlighem.
Je n’aime pas le live — mais cela ne m’impressionne
pas. Je suis incapable de me souvenir d’un morceau.
D’où des concerts très improvisés la plupart
du temps, avec les risques du genre. Il y eut des moments de bonheur je
crois. Mais surtout la chance de rencontrer en chair et en os des
artistes admirables. Ce qui souvent se traduit par la suite en
collaborations plus posées, c'est-à-dire projets
travaillés en studio.
Tu
es proche du milieu dit « underground ». Tu as
toujours été à contre-courant, dans la marge des
tendances dominantes, des phénomènes de mode - qu'en
penses-tu ?
Je ne sais pas si je suis proche du milieu underground, et je ne
sais pas ce que cela désigne exactement. Je déteste la
culture de masse. Je déteste que tout le monde aime la
même chose au même moment. Je déteste que 5% des
« artistes » monopolisent 95% des ressources
(financières, médiatiques, mentales). Et j’ai une
énorme ambition : que mon travail résiste au temps,
soit intemporel. Je pense ici autant à mon travail musical
qu’à mon travail d’écriture. C’est
ringard, prétentieux. J’assume.
Tu
as souvent été amené à collaborer avec des
artistes. Comment t’y prends-tu ? Est-ce que c’est toi
qui les sollicites ou l’inverse ?
Un peu tout. Ça se fait naturellement, le hasard, les
rencontres. Pierre Bastien était notre voisin à
l’époque et l’idée d’un travail commun
émanait du label Prikosnovénie, Palo Alto m’a
sollicité je crois, Voxfazer, c’est une rencontre sur le
forum Overblog, Dominique Grimaud c’est moi qui ait
proposé, insisté ! Frank Pahl je ne sais plus, une
idée de Denis Tagu (IPS) je pense.
Tu
as publié avec l’américain Frank Pahl Music for
desserts (2001, in-poly-sons) et Musique for bath (muséa, 2010).
Vous avec travaillé à distance, comme il t’es
arrivé de le faire avec d’autres artistes. Ces
collaborations ne manquent t-elles pas
d’authenticité ?
Définissez « authenticité »,
pour paraphraser je ne sais plus quel film de science-fiction. Je ne
vois pas (du tout) en quoi le fait de travailler à distance
pourrait influer sur — quoi d’ailleurs ? Pour un
travail commun avec David Fenech, qui n’est pas tout à
fait abouti, nous n’avons enregistré qu’un seul
morceau ensemble physiquement, chez lui… ce n’est pas
notre préféré au final, même si nous y
sommes attachés, pour des raisons disons sentimentales…
Comment
articules-tu tes autres travaux (musiques de documentaires /
publicités, écritures, photographies) ? Est-ce
qu’il s’agit d’un projet global avec une
cohérence d’ensemble ?
Non, je ne suis pas cohérent. C’est fractal. La photo pour
moi c’est anecdotique. J’ai peut-être un œil,
mais pas de technique et peu de réflexion sur la pratique. La
grande nuance musique / écriture c’est la langue…
la musique va partout. Le texte en français… vers les
francophones uniquement ! Ensuite, au sein même du travail
musical, je ne fais guère de différences entre les
travaux qu’on pourrait dire «alimentaires» et le
travail de fond, personnel, pour la raison simple que lorsque je suis
sollicité pour un projet de type commercial, c’est
précisément un son, un style particulier qui est
attendu… je n’ai donc pas le sentiment de me trahir !
Pour terminer, quels sont tes projets pour cette année et ceux à venir ?
Les projets sont nombreux, certains presque aboutis,
d’autres juste à l’état
d’idée…
À paraître sous peu :
Les tableaux d’un exposition, Moussorgski by Klimperei, vinyl, IPS ; un vinyl (de Los Paranos) chez
Vinyl On Demand ;
un disque avec David Fenech, un autre avec Bodycocktail (Zan
Hoffman) ; un troisième opus avec Frank Pahl cherche un
label… un CD avec
GNG quasi-fini, un autre avec
Tagubu également ; travail en cours qui traîne avec
Jef Benech ; un
Fakraut project, un peu raté, mais bientôt fini ; un replay de
Tarkus (Emerson, Lake & Palmer) à la mode Portsmouth Sinfonia ; un disque pour enfants ( ? ) triste, sombre et lofi.