christophe
petchanatz
klimperei & around / interviews
Interview by Fictionalize my Life
Quand et comment avez-vous commencé la musique ?
J’ai
commencé de tripoter le piano vers 10 ans. Quelqu’un
m’a appris les accords majeurs et mineurs ; et je savais jouer
« Mamy Blue
» ; j’ai fait un peu de solfège aussi, à
cette époque. A 16 ans, je travaille ; j’achète une
batterie avec mes premières paies et l’on fonde OM,
à Annecy, avec 2 amis. L’un est mort d’overdose il y
a quelques années. à 18 ans je suis à Lyon
; je fonde (tout seul) Los Paranos (Made home music sans le savoir) et
compose une affreuse quantité de morceaux basés
essentiellement sur le triangle claviers/boite à rythme/guitare
électrique mal jouée ; vers 1980 rencontre de Françoise.
Los Paranos se termine doucement. Fondation de Klimperei avec F. (on
vend tout pour acheter le piano, tout : les instruments, les disques,
les livres). Klimperei c’est 4 mains, un piano et quelques jouets
prêtés par Laurent Fauconnet (qui participa
également à quelques titres de Los Paranos et de
Klimperei). Parallèlement, par goût du bruit, Totentanz
est formé avec Roland Sapin (basse) et Éric Chabert du
label Underground Productions
(voix). Trois concerts, deux cassettes. Arrêt de Totentanz. Mon
goût de l’électricité reprend forme sous le
nom Deleted, après un bref Die Wunde. On peut considérer
que Deleted est la réincarnation policée de Los Paranos.
Il y a également l’expérience – ponctuelle
– avec C-Drik (industriel minimal), par la poste ; et les
pop-songs avec Al Seamless aux lyrics ; un tandem qui marche. Al est
à l’hôpital en ce moment.
Françoise a étudié le piano quand elle était jeune.
Et encore plus en arrière quand avez-vous entrevu un monde différent et merveilleux à explorer ?
Alors
c’est pas « encore plus en arrière » mais bon.
Je crois que j’ai bricolé du papier et des agrafeuses et
des tampons dès que j’ai pu. La « littérature
» se confond avec le goût pour la papeterie, c’est
sûr ! Commencé à enregistrer avec Los Paranos (du
multiplay avec deux magnétos K7, dont un mono !). Le
réseau : j’écrivais sans savoir où envoyer
les textes. F. m’a emmené dans une librairie (Les
Nouveautés, place Bellecour) et nous avons acheté une
revue, Verso, où j’ai notamment découvert Dominique
Quélen, par exemple, devenu ensuite un ami postal, revue
pilotée par Claude Seyve
à l’époque, devenu un copain– j’ai
envoyé des poèmes à Verso et on m’avait
répondu évasivement (au comité de lecture,
à part Seyve, ils n’étaient pas chauds) ; Claude
faisait des critiques de revues et donnait les adresses ; j’ai
écrit un peu partout et je suis entrée en contact avec
des personnes vers 83/84, avec lesquelles pour la plupart je suis
toujours en contact. Hercule de Paris (J.-M. Baillieu), Si Brève
l’Ivre (J.-P. Bertrand, hélas perdu de vue), Devil/Paradis
(T. Tillier), Le Jeu des Tombes (P. Pissier), puis bien
d’autres… J.-M. Baillieu m’a publié plusieurs
plaquettes et m’a beaucoup soutenu. Mais F. fut ma
première lectrice et – bonne – conseillère.
Il y a aussi la peinture (à l’huile : dix ans de vaines
tentatives).
Un des titres de Klimperei s’intitule Yoyodyne. Qu’est-ce que c’est Yoyodyne ?
Yoyodyne,
pour autant que je me souvienne, c’est dans un roman de Philip K.
Dick, mais je n’en suis pas certain… une espèce de
sournoise multinationale occulte occupant plusieurs plans de
réalité ou espaces-temps… je ne me souviens plus
très bien. Mais c’était impressionnant. Normalement
les lecteurs lettrés de votre revue devraient pouvoir
compléter ou corriger.
Parlez-nous
du Collège de Physiologie Subjective Appliquée dont
j’ai lu une plaquette intrigante et réjouissante…
Le
Collège de Physiologie Subjective Appliquée compte
aujourd’hui 4 membres permanents. Moi-même,
Président-Fondateur inamovible, Patrick Ravella, le dauphin ;
Claude Seyve, éminence grise et caution scientifique ; Jacques
Greco, collègue de travail, peintre (cf. cover du dernier
Klimperei) et jeune chien fou de Collège. Je ne sais pas
s’ils sont des amis car tous trois rêvent de renverser le
Président (moi) et sont de plus prêts, je le sais,
à s’entre-déchirer sur ma dépouille. Mais ce
sont de bons camarades avec lesquels le travail s’effectue dans
un climat bon enfant d’émulation scientifique et
heuristique. Seyve aime les chiens ; Ravella est assez content de son
portail électrique (ou électronique), Greco voudrait
pouvoir peindre davantage. Les autres participations au Collège
sont soit apocryphes, soit ponctuelles, soit intéressées
(mais nous savons, dans une juste mesure, résister).
J.-C. Menu de l’Association dessine des lapins. On en croise aussi chez vous. Y a–t-il corrélation ?
À part Menu,
je ne connais pas bien les autres auteurs de l’Association. Menu
: on s’écrit de temps en temps. J’aime son travail
autobiographique, sensible, écrit, mature (il fait de la BD
littéraire, à mon sens). J’ai bien du plaisir
à le lire.
Pourquoi cette passion pour une tribu de lapins d’ailleurs ?
Je
crois, mais je ne puis rien garantir – que les lapins existaient
avant nous, avant Menu, et avant le bon docteur Dogson. L’animal
était certes plus terne, anodin et banal (encore qu’on dit
qu’il y eut, aux temps préhistoriques, des lapins
carnivores de 15 mètres de haut couverts d’écailles
velues). Je ne sais comment Menu appréhende et gère le
concept lapinesque. Ici, c’est envahissant. Surtout le Lapin Gris
(il a même écrit un livre : Le Néant, publié
plusieurs fois ; la dernière édition c/o Philippe Morice,
5 Rue Des Tulipes, 44120 Vertou) et Merrick (sauvé de chez
Seyve, d’ailleurs). Le Gris veut un sac à dos pour
Noël ; ils en sont à ressasser cette équipée
au Madiana, boite de nuit du quartier, et comment ils ont
été malades en rentrant et – a-t-elle lieu
d’être ? Ah… Reprenons calmement : Seyve
vénère les chiens, Suel les veaux ; Ravella adule les
portails électriques, alors pourquoi n’aurions-nous droit
à rien ? Le lapin est un animal pacifique (quoique, Cf.
Sacré Graal des Monty Python), intelligent et courageux ; sa
probité et son sens des affaires ne sont plus à
démontrer. Alors.
Qui souhaiteriez-vous voir transformé en gargouille ?
D’un
bureau où je travaillais avant, je voyais une gargouille de
l’église St-Nizier. Quand il pleuvait, l’eau giclait
à flots de sa gueule. Je ne souhaite ce sort à personne
(à part ça ils sont nombreux les balourds, les cuistres,
les paltoquets ; les foutriquets, les gandins qui mériteraient
de…).
Quand
vous avez emménagé ensemble avec Françoise, quels
livres aviez-vous en commun dans la bibliothèque ?
Il y avait « le journal d’une schizophrène
», un livre d’Emma Santos, « le zéro et
l’infini » de Koestler et peut-être «
L’Enfer » de Barbusse. C’est vieux, on ne se rappelle
plus bien. J’avais pas lu Sartre, ni Nietzsche, ni Cohen
(Leonard), ni Kafka… moi, je lisais de la science-fiction.
ça fait pas beaucoup en double.
Il y a ce désir d’une bibliothèque « épurée », à la Ph. Billé.
J’y travaille. Ne conserver que l’os. F. est moins
conservatrice que moi – mais de toute façon, ça ne
peut pas continuer comme ça. Je sais pertinemment que je ne
relirai jamais certains bouquins. Il y a aussi bon nombre de «
pas encore lus » en réserve. En ce moment je ne lis
presque que des conneries (management, droit…)
Comment classez-vous vos livres ?
Elle est en gros classée selon 3 ou 4 axes :
Littérature (classés par ordre alphabétique d’auteurs) ;
Les ouvrages de psycho, psychanalyse, philosophie (surtout F.) ;
Les
ouvrages techniques (cours du soir : sociologie, psycho – aussi
-, RH, stats) regroupés selon l’usage du moment, par
unités logiques ;
Le divers : revues, plaquettes inclassables, vieux livres, quelques BD…
Que trouve-t-on dans votre collection de disques ?
Pas
de disques noirs, à part les deux LP auxquels
participèrent respectivement Klimperei & Deleted ; quelques
CD (les nôtres et ceux envoyés par des groupes
d’amis (échanges) ou pour chroniques : beaucoup de
cassettes (principalement de musique dite classique, du divers
(compilations…) ; de la musique dite « pop »).
Quelle importance accordez-vous à l’endroit où vous vivez ?
Beaucoup. C’est le terrier, la niche ; la rabouillère…
Quels sont vos monstres préférés ?
Les monstres pathétiques, comme le Nosferatu de Hertzog.
Votre nourriture préférée ?
On
grignote : cacahuètes, petits bonbons à la menthe
Ricqlès, biscuits, pains, fromage, fruits et fruits secs,
olives…
Qui sont les repères, ceux que vous vous êtes promis de ne jamais oublier, qui vous apportent le plus ?
Jamais
lu Deleuze sérieusement (difficile). Vu récemment
à la TV, l’homme m’est apparu plutôt
sympathique. Déclara apprécier Benny Hill et aussi Bob
Wilson, l’ours qui se prend pour un lapin (ici). Ça
m’a séduit. Réessayé de lire le Pli ensuite.
Bof. Ce me semble péremptoire et infondé (au
fond)… les repères pour moi seraient plutôt (par
trinités) :
Kafka, Michaux, Gombrowicz ;
Weill, Satie, Bartok ;
Brian Eno, Les Kinks et T. Rex pour les Anglais ;
Can, Faust, Amon Düül II pour les Allemands ;
En peinture j’y connais pas grand chose ; les expressionnistes…
Un calembour ou un jeu de mot qui viendrait, comme ça… ?
« Un cochon qui rit c’est un porc tout gai » (source : J. Greco)
Merci Céline !